Sa carrière de sculptrice

Dès son entrée à l’académie Colarossi, Camille accède à une multitude de nouveautés. Elle peut pratiquer son art dans un espace réellement dédié à la sculpture. De plus grâce à l’attention de son père, qui ne manque pas de payer les frais de scolarité mensuels, elle peut enfin exprimer son talent et surtout, bénéficier de conseils avisés d’autres sculpteurs qui rendent visite aux élèves plusieurs fois par semaine.

Cependant, son premier protecteur et conseiller, Alfred Boucher doit quitter Paris pour l’Italie. Il demande à son ami Auguste Rodin de prendre le relais auprès de ses élèves. Rodin remarque le talent de Camille et lui propose d’intégrer en 1883 son atelier au Dépôt des marbres pour devenir son assistante. Celle-ci accepte et consacre une très grande partie de son temps aux œuvres de Rodin, mais aussi à ses propres œuvres. Cette rencontre est d’abord bénéfique pour Camille ; Rodin, malgré ses 45 ans, commence tout juste à récolter les fruits d’un labeur artistique acharné et pour elle, les avantages sont nombreux. Cette reconnaissance naissante de son mentor lui permet d’accéder à une nouvelle visibilité auprès des critiques et des amateurs d’art. Rodin accorde beaucoup d’attention à sa jeune élève, elle devient très vite sa « préférée » et il « la consulte en toute chose ». A cette entente artistique s’ajoute une liaison passionnée qui donne lieu à une période d’intense production chez les deux sculpteurs. Camille Claudel réalise durant cette période de très nombreuses œuvres, notamment la célèbre Valse, réalisée à partir de 1889, qu’elle devra modifier pour masquer en partie la nudité de la danseuse, jugée alors trop sensuelle par les critiques.

Ce qu’il faut retenir de cette rencontre, au-delà de la passion amoureuse qui liera les deux artistes plusieurs années durant, c’est cette passion commune pour la sculpture et cette inspiration mutuelle qui va profondément marquer leurs œuvres respectives. Mais l’idylle et la collaboration artistique prennent fin en 1892. Les artistes-amants se séparent et Camille souhaite rompre définitivement avec le style de Rodin. Elle produit alors des œuvres à partir d’autres médiums, mêlant le bronze à l’onyx avec sa série de Causeuses, ou encore avec La Vague, œuvre largement inspirée par l’art de l’estampe japonais, style très en vogue chez les artistes de la fin du XIXème siècle.