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L'internement
Après sa rupture avec Auguste Rodin, Camille Claudel tombe lentement mais sûrement dans la paranoïa, celle-ci se concentrant surtout sur son mentor et ancien amant. Dans les premiers temps, elle ne souffre pas encore de troubles mentaux notables. Elle loue un atelier au rez-de-chaussée de l’hôtel Jussaud, sur l’île de la cité, où elle continue de sculpter. Cependant, Rodin ne disparaît pas totalement de sa vie ; celui-ci trouve le moyen de lui venir en aide, en passant par ses proches. Camille s’isole peu à peu, travaille seule, connaît des soucis financiers importants, reçoit de moins en moins de commandes. Au début du XXème siècle, son cas devient préoccupant. Elle s’enferme dans son atelier, n’en sort que la nuit, commence à se méfier de son entourage, délire, se sent persécutée par ce qu’elle appellera « la bande à Rodin ».
Plus elle s’enfonce dans ses délires de persécution, plus elle détruit ses œuvres. Ses esquisses connaîtront un sort funeste ainsi que quelques-unes de ses œuvres achevées. Alarmés par cette femme qui vit isolée, entourée de chats, se nourrissant mal, sortant tôt le matin ou tard la nuit et gardant en toutes circonstances ses volets fermés, les voisins de l’atelier de l’artiste se plaignent auprès de la famille Claudel. L’année 1913 marque le décès de son père, son soutien inconditionnel, celui à qui elle doit sa formation et qui a toujours cru en elle. La disparition de cet être cher marque un tournant majeur dans la vie de Camille Claudel : le début de son internement. Le placement en asile est décidé la même année à la demande de sa famille. Camille sera donc envoyée à l’asile de Ville-Evrard, puis à celui de Montdevergues en 1915.
Les médecins qui se succèdent au fil des ans remarquent tous les délires paranoïaques de l’artiste. Elle souffre encore, se sent toujours persécutée et craint constamment d’être empoisonnée au point d’exiger de cuisiner ses repas elle-même.
Elle craint également que ses œuvres ne soient pillées par « la bande à Rodin », et ce même après la mort de ce dernier en 1917. Elle reçoit de la visite, très rarement. Son frère vient lui rendre visite de temps en temps, ainsi que quelques-uns de ses amis. C’est notamment le cas de Jessie Lipscomb avec qui elle a partagé un temps la passion de la sculpture. Durant 30 ans d’internement, elle n’aura de cesse de réclamer son cher Villeneuve. Mais elle ne le reverra jamais, elle s’éteint le 19 octobre 1943 à l’âge de 78 ans.
Publié le : 21 décembre 2023
Dernière mise à jour : 14 mars 2024