La Hottée du Diable

La Hottée du Diable tire son nom d’une légende qui raconte que le bâtisseur de l’Abbaye du Val Chrétien aurait vendu son âme au Diable en échange de son aide. Ce dernier, utilisant une hotte pour transporter les blocs de grés jusqu’au site de construction, la renverse dans sa course pour fuir les premiers rayons du soleil levant.

Il n’est pas surprenant qu’un tel lieu ait donné naissance à des légendes. Constitué de bois et d’une butte sableuse parsemée d’énormes blocs de grés et de lande sèche, le paysage est aussi splendide que fascinant. Les formes fantasmagoriques des pierres font naître de notre imaginaire tout un bestiaire fantastique. Au détour du sentier, on peut ainsi apercevoir un dinosaure, une baleine, un loup, ou encore le fameux géant à l’origine de l’autre nom du site : la butte du géant, ou "géyn" si on le prononce à la picarde. Ce géant serait Gargantua, qui se serait assis sur la butte pour retirer les petits cailloux qui le gênaient dans sa chaussure...

Un vestige des fonds marins

L’explication plus scientifique de ce chaos de grès vient de son passé, de l’époque où la mer recouvrait les terres picardes. Les mouvements de l’eau ont sculpté la pierre, et notre imaginaire y reconnaît des formes animales ou monstrueuses par le biais du processus de paréidolie.
La fréquentation du site par l’Homme remonte à plusieurs milliers d’années. Plus proches de nous, Camille et Paul Claudel en firent leur terrain de jeu privilégié, et une source d’inspiration pour leurs futurs œuvres. Par leurs formes, certains rochers peuvent faire penser à des sculptures de Camille, c’est notamment le cas de La Valse, ou La Vague. Quant à Paul, il situera un acte entier de L’Annonce faite à Marie à la Hottée du Diable.

Un patrimoine en péril

Cette propriété communale de 16 hectares est gérée par le Conservatoire des sites naturels des Hauts-de-France. Ce dernier nous alerte sur la fragilité du site et sur les menaces que nous faisons peser sur lui. Avec un record de 50 000 visiteurs en 2021, sa surfréquentation a de graves conséquences sur la faune et la flore. La circulation anarchique des piétons provoque l’érosion des sols par la fuite du sable, du sommet vers le bas de la butte, mettant toujours plus à nu les blocs ce qui risque de poser à terme des problèmes de sécurité. Pour préserver le site, il est important de respecter quelques règles simples :

• rester sur les sentiers balisés afin de limiter l’érosion
• remporter tous nos déchets
• ne pas faire de feu
• et ne pas circuler avec des engins motorisés (motos, quad, 4x4...)

De cette manière, nous préserverons la Hottée du Diable, les futures générations pourront en profiter autant que nous et parmi eux, peut-être de futurs artistes inspirés par ce site magnifique.